Qu’est-ce qu’un zootechnicien à l’ESA ?
A l’heure des controverses autour de l’élevage, il me semble que la zootechnie est avant tout la science de l’élevage et que l’élevage ce n’est pas que l’industrialisation des processus physiologiques, ce ne sont pas que des colonnes de chiffres que l’on méta-analyse sur Excel, ce ne sont pas que des coûts de production qui augmentent pendant que les prix de vente s’effondrent.
L’élevage c’est aussi des hommes et des femmes passionnés. Ce sont ceux qui travaillent et qui vivent au contact d’animaux qui les font vivre. Ce sont des soins et de l’empathie quotidienne, et surtout c’est un immense champ de préoccupations techniques en permanente évolution. C’est en somme beaucoup de matière grise au service de beaucoup d’affect.
A l’ESA nous préparons nos étudiants à devenir ces professionnels, à partir d’outils classiques, d’échanges pluridisciplinaires et de pédagogie innovante, dans un monde en permanente évolution. Les exemples de mémoires de fin d’étude ingénieurs soutenus cet automne donnent une idée de la diversité des enjeux autour de l’élevage. En voici quelques exemples.
Ainsi, la génomique qui révolutionne l’approche de la génétique, les bases de données toujours plus grandes qui démultiplient les possibilités d’analyses… Mais les généticiens doivent aussi être à l’écoute des nouveaux besoins pour identifier de nouveaux critères de sélection : comment sélectionner une dinde résiliente ? Comment intégrer des critères liés au bien-être animal dans les objectifs de sélection ?
Autre domaine de prédilection du zootechnicien : l’alimentation. Il s’agit à l’heure actuelle de concevoir des systèmes d’alimentation qui tiennent compte des enjeux environnementaux, dans des conditions de plus en plus difficiles de disponibilité des ressources et de changements climatiques.
Enfin, un dernier domaine de spécialité du zootechnicien c’est sa capacité à analyser les systèmes d’élevages. Il s’agira donc d’analyser les évolutions des systèmes d’élevage et leurs conséquences (l’agrandissement des exploitations, les démarches de développement durable mises en place par une laiterie) et de concevoir des outils pour accompagner les élevages dans les transitions (par exemple en concevant des outils d’évaluation du bien être en élevage). Il s’agira de comprendre les logiques des éleveurs pour mieux les conseiller et les accompagner et peut être de déceler dans des signaux faibles du terrain, les systèmes d’élevage de demain. Il s’agira d’accompagner les systèmes d’élevage qui devront s’adapter aux nouveaux marchés, aux marchés qui diminuent ou qui disparaissent, aux mutations sociales.
Enfin, il s’agira d’accompagner les systèmes d’élevages vers l’agroécologie. Cela se fera peut être en partie par des formes innovantes d’accompagnement de projets collectifs… ce qui sous-entend que l’élevage et le lien à l’animal dans nos sociétés ont toujours été et sont toujours des éléments fédérateurs de rassemblement autour de projets communs.
La zootechnie est bien la science de l’élevage. L’élevage a de nombreux défis à relever dans un contexte en pleine mutation : économique, social, environnemental et aussi éthique.
Claire MANOLI
Enseignant Chercheur en Élevage
Responsable Unité de Recherches sur les Systèmes d’Élevage (URSE)
[Extrait du discours de remise de diplômes Ingénieur agronome]
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