Accompagner la transition agroécologique
Texte introductif d’Isabelle Maître, enseignante-chercheuse en agroalimentaire, à la 17e leçon inaugurale d’Eric Birlouez | ESA, 3 oct 2019
En tant qu’école préparant des acteurs des filières alimentaires, l’émergence d’une nouvelle éthique alimentaire nous intéresse tout particulièrement.
Les étudiants que vous avez devant vous ont l’opportunité d’être sensibilisés et formés à tous les maillons des filières agricoles, de l’amont à l’aval. Et nous pouvons tous dans nos métiers observer les mutations qui s’opèrent chez les consommateurs. Les changements sont rapides, les prises de conscience sont bien là, et nous avons les moyens de nous préparer à ces changements. Nous devons même, en tant qu’établissement d’enseignement, les devancer et vous préparer à être capables d’être acteur du changement. Si vous n’êtes pas acteur du changement, qui le sera ?
L’ESA s’adosse sur une recherche et un enseignement tournés depuis longtemps vers l’anticipation des mutations agricoles. Je prendrai quelques exemples.
Cela commence au champ, où le laboratoire d’agronomie LEVA travaille sur les combinaisons céréales protéagineux dont on sait qu’elles permettent la réduction des intrants. Le laboratoire de zootechnie URSE étudie la préservation des prairies naturelles, élément essentiel de la biodiversité.
Le travail d’éco-conception dans le secteur de la vigne et du végétal au labo GRAPPE cherche à prendre en compte simultanément les attentes des consommateurs et les dimensions environnementales. A aujourd’hui, les deux dimensions sont très rarement associées.
Le laboratoire de sociologie le LARESS étudie des modes de consommation locale et les circuits courts depuis très longtemps, et c’est devenu une tendance lourde de consommation.
Au labo agro-alimentaire GRAPPE, le souci de développer des produits avec des protéines végétales répond à la transition protéique. Les projets sur l’alimentation saine et plaisir quand on vieillit tentent de répondre à l’enjeu du vieillissement de la population. Parce qu’on ne peut pas développer un monde meilleur en oubliant nos ainés et les plus fragiles.
Ce sont donc des sujets travaillés depuis longtemps, qui diffusent dans nos enseignements, et qui vous aideront, chers étudiants, à relever les enjeux de demain et répondre aux préoccupations légitimes des consommateurs de santé, bien-être, consommation locale, plaisir de manger et éthique. Je vous invite donc vivement à profiter pleinement de cette conférence pour approfondir votre réflexion et vous préparer à relever les défis agricoles d’aujourd’hui et de demain.
Isabelle Maitre