Paul-Hector Oliver cultive des fraises en plein Paris
À l’ESA, Paul-Hector a suivi un BTS productions horticoles puis le European engineer degree. Lorsqu’il a rejoint Agricool, il y avait 5 salariés au compteur. Aujourd’hui la start-up compte plus de 60 employés !
Cet été, Paul-Hector Oliver s’est régalé. Il savait où trouver de bonnes fraises. Depuis avril 2016, il travaille chez Agricool, une start-up qui a fait des fruits et légumes, non pas moches, mais sans goût, son domaine d’intervention. Aujourd’hui, l’entreprise, emmenée par deux fils d’agriculteur, défend une production de qualité nutritionnelle et gustative en plein Paris.
« Nos fraises ont 30 % de vitamines C en plus, elles sont plus sucrées, plus fermes », présente Paul-Hector Oliver, responsable technique agronomie de la boîte. Installé au siège social de l’entreprise à La Courneuve, à proximité du laboratoire de recherche & développement, il dispose au quotidien de 50 phytotrons, des espaces de recherche dans lesquels il est possible de générer n’importe quel climat de culture !
« On doit pouvoir s’affranchir de tous les aléas climatiques et recréer une journée parfaite pour la fraise », explique Paul-Hector. Car chez Agricool, les fruits ne poussent pas dans un champ, mais dans des containers, en culture verticale, et toute l’année.
« J’ai la fibre entrepreneuriale ». L’agriculture urbaine, Paul-Hector s’y intéresse depuis des années. Lorsqu’il était inscrit en licence de biologie à Toulouse, il planchait déjà sur un projet de culture en hydroponie (culture de plantes réalisée sans terre naturelle). « J’ai toujours été un vrai citadin et j’ai la fibre entrepreneuriale », souligne-t-il. Soucieux d’accroître ses connaissances techniques en horticulture, il a rejoint l’École supérieure d’agricultures d’Angers, puis le CAH Vilentum, une université de sciences appliquées aux Pays-Bas. « La Hollande est le deuxième pays exportateur de légumes. Il y a une production par mètre carré qui est délirante. C’est un modèle très intéressant ! », assure-t-il. À plusieurs centaines de kilomètres de Paris, il suivait les débuts d’Agricool.
« Lorsque j’ai rejoint la start-up, les fraises poussaient dans la cave de notre incubateur, à Bastille ! » L’entreprise venait alors de lever 4 millions d’euros et Paul-Hector était chargé d’en développer l’innovation. D’autres fruits et légumes en ligne de mire ! Un bouillonnement d’idées, « emmené par un travail d’équipe efficace » qui a notamment donné vie au système d’aéroponie (culture hors sol) installé dans chaque container.
« Il nous permet de nous affranchir de substrat », éclaire Paul-Hector. Chez Agricool, les racines des fraises sont dans l’air et se nourrissent d’un brouillard de nutriments régulièrement répandu par les salariés. Aujourd’hui, Paul-Hector planche sur des process pour optimiser les températures. Sept tonnes de fruits sont déjà sorties des quatre containers installés dans Paris. Et une première récolte a été faite à la fin de l’été, à Dubaï ! Si la start-up ambitionne de s’attaquer à d’autres fruits en manque de goût, comme la tomate, elle réfléchit aussi à son développement international.
« Nous n’avons pas vocation à remplacer l’agriculture. Nous ne nous installerons pas en Bretagne où il y a déjà de très bonnes fraises », assure Paul-Hector qui ne regrette rien de ses choix : « Comprendre et décortiquer la vie du végétal, c’est passionnant ! »
Article extrait de Ouest-France, édition spéciale 120 ans ESA
Crédit photo: Agricool, | Texte : Émilie WEYNANTS
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